Je n’ai jamais
vraiment été un grand sportif.
Au primaire je
voulais faire du foot, comme tout le monde, sauf que mes parents ne voulaient
pas se coltiner de me déposer aux entrainements et surtout voulaient garder
leurs week-ends libres au lieu de courir à droite à gauche pour les matches.
Du coup, j’ai peu
fait de sport. J’étais plutôt le gars un peu gras que les costauds emmerdaient
pour s’amuser. J’étais aussi le gars qui se planquait (avec d’autres) pendant
les cours «d’endurance » pour tenter de grappiller un tour ou deux.
A l’adolescence,
croissance aidant, j’ai perdu mon bide. Et je me suis mis au vélo. C’était plus
de l’endurance que de la vitesse. Du coup, je passais me dimanche matin à pédaler
entre 3 et 4 heures et une fois par an à pédaler toute la journée. Mine de
rien, c’était du sport. Qui musclait que le bas. Du coup, en haut, tout sec.
Puis avec les
études et le boulot en province, à l’étranger, hop, plus de sport.
Quand je me suis
inscrit au sport il y a quelques années, d'abord kung fu puis tennis, je n’en faisais pas assez pour que ça
serve à quelque chose.
Toute cette
longue intro pour planter le décor du « à la base je suis pas sportif ».
En arrivant en
Californie, je me suis vite rendu compte que si tu te bouges pas le derrière tu
n’es rien.
Alors que moi, j’arrivais
peinard, les mains dans les poches, avec du bide et une hygiène alimentaire (et
alcoolique) douteuse. Pour tenter de m’intégrer, je me suis inscrit à la salle
de sport au bureau.
J’allais au sport une à deux fois par mois, pépère et une
petite rando dans les collines de temps à autre.
Et là, paf, l’engrenage fatal
(sur cette phrase, imaginer Christophe Hondelatte dans une maison de province
mal éclairée, de nuit).
Ça a commencé par
un collègue que tu croises une des rares fois où tu vas à la salle de sport.
« Tu devrais aller au cours de
cardio-kickboxing »
Puis :
« Si tu aimes le vélo tu devrais aller au
cours de spin »
Puis :
« Si tu vas au cours de spin, tu devrais
intégrer l’équipe de triathlon »
C’est comme ça que
tu passes de fainéant alcoolique à membre de l’équipe de triathlon (attention,
c’est amateur a la bonne franquette). C’est comme ça que tu passes du sport une
fois par mois a du sport 2-3 fois par semaine.
L’équipe fait
officiellement un triathlon par an et c’est pile le week-end du mariage de ton
meilleur pote en France.
Du coup, tu fais
les entrainements en « dilettante ».
Puis le temps
filant, approximativement à la vitesse du temps, c’est déjà le début de la
nouvelle saison de triathlon. Et cette année, pas de mariage.
Tu te
mets à courir car la course à pied ça n’a jamais été ton fort (voir plus
haut le paragraphe sur l’endurance au collège) et tu veux finir le triathlon
dans un temps honorable.
Tu commences par
deux miles une fois par semaine. Puis deux fois trois miles. Puis tu te mets à
courir trois miles trois fois par semaine. Puis au moins une fois quatre miles
dans la semaine. Puis ton nouvel objectif c’est d’améliorer ta vitesse. Puis d’augmenter
le temps de course. C’est comme ça que tu te retrouves à courir trois fois par
semaine, au moins dix miles par semaine et à faire du sport quasiment tous les
jours.
Et ton corps, cet
enfoiré en redemande. Il est constamment dopé aux endorphines et il aime ça. Il
te souffle d’aller au travail en vélo et de continuer d’aller à la salle de
sport. Il te suggère pour les mercredis de faire et le cours de cardio et l’entrainement
de vélo avec l’équipe. Et si tu roulais un jour le week-end le long du
Pacifique pour améliorer ton endurance en vélo.
Il te susurre
doucement à l’oreille de continuer à aller au cours de spin du jeudi midi et le
jeudi soir, une fois, de tenter d’y ajouter le cours de spin et yoga, juste
pour voir ce que c’est le yoga.
Puis il insère
dans ta petite tête que courir 6 miles puis 7 miles ce serait pas mal comme
objectif. Et bientôt y’a les entrainements de natation qui commencent.
Tu n’en aies pas
encore là, mais tu es déjà passé de 2-3 à 5-6 fois du sport par semaine. Ton
corps le supporte, ton cerveau en redemande. La pente est glissante.
Et puis tu
perds progressivement ton bide, ton physique s’est un peu remodelé. Du coup, tu
apprécies ce nouveau corps. Pour le conserver tu bois moins d’alcool, tu
sors moins car la fatigue et le sport ne font pas bon ménage. Tu dors mieux aussi. Et ca fait longtemps que tu t'es senti un peu déprimé et seul.
Et tu es encore à
6 mois du triathlon.
A mon avis, en
aout, j’ai démissionné, rendu mon appart et je traverse les Etats-Unis en
courant.
Courrsssss
Forrest, coursssss.
Le sport devrait être classé dans les drogues dures !