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samedi 16 mars 2013

Le sport cette drogue légale


Je n’ai jamais vraiment été un grand sportif.

Au primaire je voulais faire du foot, comme tout le monde, sauf que mes parents ne voulaient pas se coltiner de me déposer aux entrainements et surtout voulaient garder leurs week-ends libres au lieu de courir à droite à gauche pour les matches.

Du coup, j’ai peu fait de sport. J’étais plutôt le gars un peu gras que les costauds emmerdaient pour s’amuser. J’étais aussi le gars qui se planquait (avec d’autres) pendant les cours «d’endurance » pour tenter de grappiller un tour ou deux.

A l’adolescence, croissance aidant, j’ai perdu mon bide. Et je me suis mis au vélo. C’était plus de l’endurance que de la vitesse. Du coup, je passais me dimanche matin à pédaler entre 3 et 4 heures et une fois par an à pédaler toute la journée. Mine de rien, c’était du sport. Qui musclait que le bas. Du coup, en haut, tout sec.

Puis avec les études et le boulot en province, à l’étranger, hop, plus de sport.

Quand je me suis inscrit au sport il y a quelques années, d'abord kung fu puis tennis, je n’en faisais pas assez pour que ça serve à quelque chose.

Toute cette longue intro pour planter le décor du « à la base je suis pas sportif ».

En arrivant en Californie, je me suis vite rendu compte que si tu te bouges pas le derrière tu n’es rien.

Alors que moi, j’arrivais peinard, les mains dans les poches, avec du bide et une hygiène alimentaire (et alcoolique) douteuse. Pour tenter de m’intégrer, je me suis inscrit à la salle de sport au bureau. 

J’allais au sport une à deux fois par mois, pépère et une petite rando dans les collines de temps à autre. 

Et là, paf, l’engrenage fatal (sur cette phrase, imaginer Christophe Hondelatte dans une maison de province mal éclairée, de nuit).

Ça a commencé par un collègue que tu croises une des rares fois où tu vas à la salle de sport.
« Tu devrais aller au cours de cardio-kickboxing »
Puis :
« Si tu aimes le vélo tu devrais aller au cours de spin »
Puis :
« Si tu vas au cours de spin, tu devrais intégrer l’équipe de triathlon »

C’est comme ça que tu passes de fainéant alcoolique à membre de l’équipe de triathlon (attention, c’est amateur a la bonne franquette). C’est comme ça que tu passes du sport une fois par mois a du sport 2-3 fois par semaine.

L’équipe fait officiellement un triathlon par an et c’est pile le week-end du mariage de ton meilleur pote en France.
Du coup, tu fais les entrainements en « dilettante ».

Puis le temps filant, approximativement à la vitesse du temps, c’est déjà le début de la nouvelle saison de triathlon. Et cette année, pas de mariage.

Tu te mets à courir car la course à pied ça n’a jamais été ton fort (voir plus haut le paragraphe sur l’endurance au collège) et tu veux finir le triathlon dans un temps honorable.

Tu commences par deux miles une fois par semaine. Puis deux fois trois miles. Puis tu te mets à courir trois miles trois fois par semaine. Puis au moins une fois quatre miles dans la semaine. Puis ton nouvel objectif c’est d’améliorer ta vitesse. Puis d’augmenter le temps de course. C’est comme ça que tu te retrouves à courir trois fois par semaine, au moins dix miles par semaine et à faire du sport quasiment tous les jours.

Et ton corps, cet enfoiré en redemande. Il est constamment dopé aux endorphines et il aime ça. Il te souffle d’aller au travail en vélo et de continuer d’aller à la salle de sport. Il te suggère pour les mercredis de faire et le cours de cardio et l’entrainement de vélo avec l’équipe. Et si tu roulais un jour le week-end le long du Pacifique pour améliorer ton endurance en vélo.
Il te susurre doucement à l’oreille de continuer à aller au cours de spin du jeudi midi et le jeudi soir, une fois, de tenter d’y ajouter le cours de spin et yoga, juste pour voir ce que c’est le yoga.
Puis il insère dans ta petite tête que courir 6 miles puis 7 miles ce serait pas mal comme objectif. Et bientôt y’a les entrainements de natation qui commencent.

Tu n’en aies pas encore là, mais tu es déjà passé de 2-3 à 5-6 fois du sport par semaine. Ton corps le supporte, ton cerveau en redemande. La pente est glissante. 
Et puis tu perds progressivement ton bide, ton physique s’est un peu remodelé. Du coup, tu apprécies ce nouveau corps. Pour le conserver tu bois moins d’alcool, tu sors moins car la fatigue et le sport ne font pas bon ménage. Tu dors mieux aussi. Et ca fait longtemps que tu t'es senti un peu déprimé et seul.

Et tu es encore à 6 mois du triathlon.

A mon avis, en aout, j’ai démissionné, rendu mon appart et je traverse les Etats-Unis en courant.
Courrsssss Forrest, coursssss.

Le sport devrait être classé dans les drogues dures !

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